VORLESEN ou l’art d’écouter

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« Livre Paris » touche à sa fin, « die Leipziger Buchmesse » bat son plein et qu’est-ce qu’on fait à Berlin ? On s’agglutine dans des salles de concert mythiques pour entendre des poètes, ces « klein Künslter » comme on les appelle ici, une bière vissée à l’avant-bras, serrés comme des sardines sur des bancs en bois.

Avant d’entrer dans la salle du SO36, on a docilement fait la queue pendant 2 h 30 pour être sûr d’avoir le tampon-sésame. Avec l’homme, on additionne 84 années, et non, nous ne rêvons pas, nous sommes de loin les plus âgés. À Berlin donc, le lundi soir, après avoir dansé comme des dératés tout le week-end, on se remet à 20 ans, en allant écouter des poètes qui se succèdent sur scène. Pour toute mise en scène, un micro. Le reste on s’en fout. Ce qui compte, c’est le texte. Et le Witz. Dans la plus pure lignée des Tucholsky, Karl Valentin et autres Brecht, la Berliner Schnauze a encore de belles années devant elle. Littérature, poésie et humour se scandent devant des salles bondées. Ce n’est pas prétentieux, sans pour autant être bêta. Au contraire, c’est cinglant, drôle, parfois bouleversant et la foule qui s’est amassée ne s’y trompe pas. Évidemment, Berlin n’est pas comme les autres. Ici, les boulangers connaissent sur le bout des doigts l’œuvre d’Heiner Müller, les tenancières de bistrot divaguent volontiers à l’aube sur les Faust de Goethe et je ne parle même pas des chauffeurs de taxi. Le niveau 0 de la culture berlinoise nous apprend l’humilité, à nous petits intellectuels péteux venus de France. Alors, on trouve cela normal qu’un artiste utilise la métaphore filée de l’œuvre de Kafka pour nous faire rire et nous alerter sur un certain état du monde. Et moi tout le temps à penser, pourquoi ça là et pas là-bas ? Qu’est-ce que c’est bon cet art de la lecture devant des salles pleines qui picolent dure. Entre deux textes, pas besoin de commenter, parce que le son monte et on ne peut s’empêcher de dodeliner sur Steevie Wonder. Ici, c’est comme cela que les auteurs se font connaître, à poil, sur une estrade, on leur tend un micro et à eux de lire devant une foule d’anonymes des pages de leur œuvre à venir. C’est brut et risqué, mais le public sait écouter. Et dès le plus jeune âge. Les textes radiophoniques se vendent d’ailleurs plus que le papier.

Ici, j’ai réappris à écouter. Et vous, quand avez-vous pris pour la dernière fois le temps d’entendre ? Et surtout, pensez-y quand vous irez voter….

Lesedüne

SO36

Oranienstraße 190

Beginn: 20 Uhr

Einlass: 19 Uhr

4 € (nur Abendkasse!)

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