Soror Lila

complèment d’interrogations

Une fois n’est pas coutume, avant de lire ma tribune, il est recommandé de lire celle d’Annie Ernaux pour Libé. Alors bondiasse, clique, clique sur le lien:Soror Lila

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©Photo Laurent Troude pour Libération

Voilà, c’est bon? Tu as bien tout lu?
À moi maintenant:

Sur de nombreux points, je rejoins complètement Madame Annie Ernaux. Mais j’aimerais aller plus loin, notamment en ce qui concerne deux d’entre eux.

  1. Interdire le burquini, le hijab de courses, en gros toute possibilité d’intégration des femmes voilées dans l’espace public, c’est aussi obliger ces femmes à rester cloîtrer dans l’espace privé. Allez on active les neurones. Qu’est-ce que cela induit? Personnellement, le hijab n’est pas mon accessoire de mode préféré et ma première réaction est l’incompréhension, voir un soupçon de peur qui laisse la porte ouverte à une réaction plus violente qui est celle du rejet. Et cela est aussi/surtout dû à ce que ces femmes sont aussi politiquement (à partir du moment ou les lois s’en mêlent, c’est politique) et socialement ostracisées. Prenons maintenant l’exemple d’une femme portant le hijab de course que part faire son footing dans le parc où je fais le mien. Il n’est plus alors question que de ce qui nous éloigne, mais aussi de ce qui nous rapproche. « J’ai amélioré mon chrono aujourd’hui et toi? » Idem, quand cette même femme est éducatrice dans la crèche de mes enfants. Très vite, il n’est plus question de voile, mais des poux, de morsures, etc, bref de ce qui nous rapproche, les enfants. En leur refusant l’accès à l’espace public, nous refusons de les considérer comme des femmes et des êtres humains à part entière. Alors qui est le bourreau?
  2. Je rebondis sur la citation de Simone de Beauvoir qui dit que sous le voile la femme n’est plus son corps, qu’il a disparu entièrement sous autre chose qu’elle. Cette notion plus celle du Coran qui indique que le voile est là pour protéger la femme (et non comme la vindicte populaire le pense pour ne pas tenter le mâle – cela est uniquement le cas en Afghanistan) m’amène à réfléchir sur une question qui a trait au regard que nous portons sur le féminin dans notre société. Le corps de la femmes est sa croix, ce qui la définit, ce qui la réduit (ceci a été dit et redit et rabâché dans tous les essais féministes, mais pour celles qui débarquent, lisez KingKong Théorie de Virginie Despentes, cela vous mettra sur les bons rails). Les femmes qui se voilent, celles qui ne portent pas de jupes ou mettent des habits amples ne disent-elles pas la même chose : je veux exister ailleurs que dans ma corporalité? En relisant certains passages du coran, ce matin une chose m’a frappé. Couvrir son corps est recommandé (car le ton dans le coran est celui de la recommandation et non du commandement contrairement aux tables de la loi) autant aux hommes qu’aux femmes. Et je me demande si cela n’a pas à voir toute cette histoire avec la recherche du devenir esprit de la femme et de l’homme, de se détacher de son enveloppe corporelle, de disparaître entièrement sous autre chose que son corps (pour revenir à Simone).

Je ne dis pas qu’il faut se voiler, nous sommes d’accord, mais je cherche à comprendre ce que la femme en moi a de commun avec la femme voilée. Et je me rends compte que nous avons beaucoup de points communs, car même si je suis « émancipée » ou pire encore « libérée » (ces mots sont abjectes, mais montrent bien que la femme a été ou est l’esclave du monde) le regard que l’autre porte sur moi me réduira toujours à un corps. Faut-il l’exhiber, se cacher, ou repenser la mode intégralement pour tendre vers une plus grande unisexité, et donc s’émanciper de nos différences?

#FBM 17 – le retour

IMG_7881 (1)Ouf ! C’est fait. Comme disait l’autre « mais qu’allait-elle donc faire dans cette galère ! » Car les jours pros comme les journées portes ouvertes sont une jungle où il faut s’armer de calme et de renoncement.

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Mes seules expériences de foire remontent à plus de trente ans quand nous rendions visite à mon père sur son stand au salon de l’agriculture. La Buchmesse, c’est autre chose. Assurément. Six fois plus gros que le salon de l’agriculture (pour ceux qui connaissent, faut donner des repères, c’est important…), le rapport est démesuré (note pour plus tard : comparer les budgets de l’agriculture et de la culture…). Tandis que les auteurs bankable enchaînent les entretiens, tables rondes, conférences, happening et autre signature de manifeste, les éditeurs cantonnés dans une autre halle (ni trop loin ni trop près…) enchaînent les rendez-vous avec les agents littéraires venus des quatre coins du monde. En errant dans les allées, on glanera des bouts de discussion qui feraient bondir ces fameux auteurs qui perdent leur voix/e à l’autre bout des halles 1, 3 et 4. Continuer à lire … « #FBM 17 – le retour »